Mie Abe, une femme Toji - Rencontre à Yamaguchi
Nous avons eu le plaisir de rencontrer un personnage fascinant en mars dernier lors d'un voyage à Yamaguchi. Mie Abe est Toji de la brasserie Hatsumomidi. Le fait d'être femme toji est si rare dans le monde conservateur du saké que cela mérite qu'on s'y attarde. En tous cas, l'histoire de Mie a attisé notre curiosité !
Nous l'avons interrogée sur son parcours, son quotidien, et vous rapportons aujourd’hui ses paroles avec l’espoir que vous serez séduit et aurez envie de découvrir ses réalisations !
Quelques mots sur la brasserie
Hatsumomidi est installée en bordure de la mer de Seto, dans la localité de Shunan. Nous sommes à l'extrémité Sud de Honshu, à Yamaguchi, une préfecture surnommée le "Kyoto de l'Ouest" tant les traditions du passé continuent d’inspirer la vie de tous les jours.
On ressent tout à fait cela à la brasserie, propriété de la famille Harada depuis 12 générations. Une petite unité dont l’activité, locale pour l'essentiel, a connu des moments très difficiles jusqu’en 2003, date à laquelle Yasuhiro Harada décide de reprendre les choses en main.
Lui vient alors l’idée (assez géniale…) de transformer la petite Hatsumomidi en "brasserie des quatre saisons". Son pari : produire tout au long de l'année pour proposer à ses clients des sakés frais et nouveaux à chaque saison.
Pari réussi puisque leur renommée s'étend au territoire nationale et commence à se faire à l’étranger. Nous sommes très fiers de pouvoir vous proposer leurs sakés en France.
L'histoire de Mie Abe, par Mie Abe
"Avant d’arriver à la brasserie, j’étais dans la restauration mais à la naissance de mon premier enfant, il devenait impossible de concilier ma vie de famille avec les horaires contraignants de ce métier. J’ai donc quitté mon emploi. Mais au bout de quatre mois, l'envie de travailler était plus forte et j’ai découvert qu’un poste de kurabito était ouvert à la brasserie de Hatsumomidi. J’ai soumis ma candidature, tout en ayant pleinement conscience de la difficulté de ce travail qui est généralement réservé aux hommes. A ma grande surprise, M Harada, le président de Hatsumomidi, a accepté que j’intègre l’équipe.
Je n’avais aucune expérience dans ce milieu et je dois avouer que je ne connaissais pas grand-chose au saké. C’était d'autant plus intimidant que M Harada est une personnalité très reconnue car il a reçu de nombreuses distinctions nationales dans les concours de dégustation. En revanche, j’étais très motivée à l’idée de participer à quelque chose de créatif et surtout en lien direct avec la culture et les traditions ancestrales japonaises.
C’est finalement durant l’apéritif de bienvenue, au moment de mon embauche, que j’ai découvert ce qu’était le véritable saké japonais produit par des passionnés. J’ai été bouleversée par le gout et la qualité !
A cette époque, M Harada était le Toji, aidé par trois kurabito. Je devenais la quatrième. Et dès le premier jour, j’ai été initiée à la production en entrant dans les moindres détails techniques. En parallèle, j’ai beaucoup étudié les méthodes, sur le papier, mais aussi en m’engageant sur de nombreux stages dans d’autres brasseries. Après quatre années passés en tant que Kurabito, j’ai été promue "deuxième Toji".
Deux ans plus tard, M Harada me demandait de devenir Toji à sa place ! Sur le moment, j’ai refusé car je ne me sentais pas prête. Mais l’année suivante, j’ai été tellement déçue et triste par le fait que notre brasserie n’obtienne aucune récompense au concours des sakés de Yamaguchi que j’ai accepté ce poste pour m’impliquer davantage encore. Depuis avril 2022, je suis donc la Toji de Hatsumomidi.
C’est un travail qui demande beaucoup d’énergie car nous brassons toute l’année, mais je suis vraiment motivée et pleine d'énergie à l'idée de voir le sourire sur le visage des personnes qui dégustent nos sakés !
Le fait d'être une femme Toji est un avantage. C'est ainsi que je le vois en tous cas. Produire du saké, c’est un peu comme élever un enfant : il ne faut pas oublier que ce sont des microorganismes vivants qui sont à la base de tout. Si vous leur donnez de l'amour, que vous êtes attentive à leurs besoins, alors le résultat sera magnifique !"
(A noter que 70 % des employés de Hatsumomidi sont des femmes)
Les sakés
Petite parenthèse : si vous avez la chance de vous rendre à Yamaguchi, vous pourrez découvrir sa production sur place car il existe un espace dégustation au sein même de la brasserie.
A travers la série des Harada, c'est un savoir-faire adossé à 12 générations de brasseurs qui est magnifiquement interprété par Mie Abe. Nous avons trois références à vous présenter.
Sakés Harada Gengetsu - Junmaï Ginjo Muroka Genshu et- Junmaï Daïginjo Muroka Genshu
Le terme "Gengetsu" signifie croissant de lune, une image poétique que l’on retrouve joliment stylisée sur les étiquettes. Quant aux autres termes, Muroka et Genshu, vous l’aurez compris, l’accent est mis sur la puissance.
Pas de microfiltration sur charbon, pas de réduction à l’eau. Le goût avant tout et l’expression pure et puissante des arômes de ginjo !
Saké Harada Seiryu
C’est un saké qui correspond à la forme réduite à 13% de Gengetsu Junmaï Ginjo. L’idée est de proposer un saké moins alcoolisé que la moyenne sans pour autant éteindre l’expression aromatique du produit initial.
On obtient un Ginjo suave, facile d’accès et surtout facile à partager. Parfait pour initier vos amis aux plaisirs de la dégustation !
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