Etes-vous Omachiste ?
A Okayama, il est possible de découvrir un saké particulier produit à partir d’un riz qui l’est tout autant, le riz Omachi. Focus sur la brasserie de Kumaya Shuzo.
A l'origine, un temple shinto
La famille Ihoriya a fondé sa brasserie durant l'ère Edo, mais ce n’est pas pour cette raison qu’elle s'est installée à Okayama. Ces natifs de la péninsule de Kishu se sont déplacés dans la ville de Kurashiki pour participer à la construction du temple annexe au grand sanctuaire de Kumano.
Installation de la Kura
La brasserie fût donc créée plus tardivement, se retrouvant de fait sur l’une des principales voies de pèlerinage du Japon, en direction de Kagawa, sur l’ile de Shikoku. En 1716, la troisième génération de propriétaires s’inspire du nom du temple construit par ses ancêtres pour la rebaptiser "Kumaya Shuzo".
Les tourments d'après-guerre
Au moment de l'ère Meiji, elle comptait comme l'une des 400 Kura de la région, de toutes de petites unités qui disparurent malheureusement les unes après les autres à la suite de la Seconde Guerre Mondiale. Nombre d’entre-elles furent rachetées par les grands groupes avant de de cesser leur activité faute de main d’œuvre et de moyens pour se moderniser, pendant que d’autres devenaient de simples fournisseurs de liquide.
Une nouvelle direction
C’est en 1991 que Kumaya Shuzo se remet sur les rails avec un mode de production indépendant et des marques propres à la brasserie. Les volumes sont bien plus faibles et un gros effort est fait sur la qualité. Plus tard, sous l’impulsion de Haruo Ihoriya, l’actuel dirigeant, un retour au terroir local s'opère avec l’utilisation du riz "Bizen Omachi", Bizen étant l’ancien nom de cette province du sud-est d’Okayama.
Renaissance du Omachi
Le riz Omachi avait pratiquement disparu car c’est une souche difficile à cultiver. Avec plus d’un mètre soixante de hauteur en moyenne, les plants se couchent sous les vents violents des typhons. Il se trouve que la région d’Okayama dispose d’une géographie particulièrement adaptée à sa culture car elle est entourée par un chapelet de montagnes qui protège la plaine des tempêtes. De plus, elle est parcourue par trois rivières qui amènent une eau abondante aux rizières et dispose d’un climat parfait en période de maturation des grains avec une grande amplitude thermique (des journées chaudes et ensoleillées et des nuits fraîches). Ces diverses raisons ont permis un retour de la culture du riz Omachi il y a une quarantaine d’années, entrainant une situation quasi monopolistique de la région d’Okayama puisqu’elle produit plus de 90% des quantités disponibles au Japon. (Source image du riz Omachi : Japanese Agriculture Cooperative - Okayama).
Omachiste ?
Le riz Omachi est devenu une marque de qualité, à tel point que l’on qualifie "d’omachistes" les amateurs de sakés élaborés à partir de ce riz. Ce sont des sakés au style riche et savoureux avec beaucoup de volume et un fort impact.
Le denim de Kurashiki
Un détail qu’il est intéressant de souligner concerne la réputation mondiale dont jouit la ville de Kurashiki dans le domaine de la production de denim de haute qualité. Une particularité que Kumaya Shuzo a choisi d’illustrer dans le design des étiquettes de la gamme An qui qui reprend le style tissé dans la région. Si vous passez dans le coin
Musée d'art Ohara
Si vous passez par Kurashiki, le musée d'Art Ohara est incontournable. Son installation en 1930 marque un tournant dans l'ouverture du Japon à l'art occidental. La collection permanente est époustouflante, tout comme la maison voisine de ce riche banquier mécène du début du XXème siècle.
Les sakés de Kumaya
Nous vous proposons de découvrir deux références emblématiques nommées "An Bizen Omachi" :
- Un Muroka Tokubetsu Junmaï qui est un superbe premier pas sur le chemin du style Omachi
- Un Muroka Junmaï Ginjo, véritable aboutissement technique. Un umami puissant, mais une belle légèreté et beaucoup d’élégance en même temps.
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