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Un lien entre Halloween et les contes japonais ?

Halloween marque la fin de l’année celtique et le passage entre les mondes des vivants et des morts. Une tradition qui partage, avec les kaidan japonais, une certaine fascination pour le surnaturel. Les costumes et histoires de fantômes d’Halloween rappellent les fantômes yūrei et les yōkai des récits de kaidan et, bien que venant de cultures différentes, toutes deux mettent en lumière une fascination commune pour les mystères de l’au-delà, pour l’invisible et l’inexplicable.

Halloween et les Kaidan
Si vous n’êtes pas familier avec ce terme, sachez que les kaidan sont des contes d’horreur surnaturels qui ont prospéré durant la période Edo (1603-1868). Des récits qui continuent, encore aujourd’hui, de nourrir la fascination des japonais pour le monde des esprits.


Les racines spirituelles du Kaidan
Le Japon est une terre riche en mythes et légendes profondément ancrés dans le shintoïsme et le bouddhisme. Ces croyances, qui attribuent des esprits à chaque élément de la nature et prônent la réincarnation, créent un univers où les frontières entre les vivants et les morts sont assez floues.

Sanctuaire shinto de Kyoto éclairé dans la nuit
Les récits de kaidan explorent fréquemment les thèmes de la vengeance, de la trahison et des mystères spirituels. Ils mettent en scène des figures énigmatiques telles que les yūrei, des fantômes vengeurs tourmentés, et les yōkai, des créatures surnaturelles redoutables.

Certains récits ont traversé les âges et sont devenus des incontournables de l'horreur japonaise. Ils ont influencé le théâtre No et Kabuki ainsi que le cinéma et les mangas. Voici trois des plus célèbres.


Yotsuya Kaidan
Ce Kaidan raconte l'histoire tragique d'Oiwa, une femme trahie, empoisonnée par son mari Iemon. Horriblement défigurée et accablée de douleur, elle revient régulièrement d'outre-tombe pour hanter son bourreau et ses complices.

"Hyaku Monogatari Oiwa-san", estampe gravée sur bois de Katsushika Hokusai
Ce conte qui évoque la vengeance a profondément marqué la culture japonaise et donné lieu à de nombreuses adaptations au théâtre et au cinéma.


Banchō Sarayashiki
Dans ce conte, Okiku est une servante accusée d’avoir brisé un service de dix assiettes. Furieux, son maître la jette dans un puits pour la punir.

"Hyaku Monogatari Sarayashiki", estampe gravée sur bois de Katsushika Hokusai
A partir de cet instant, son fantôme revient chaque nuit pour compter les assiettes mais s’arrête toujours à neuf, avant d’éclater en sanglots. Son esprit errant terrorise tous ceux qui s’en approchent.

L'affrontement entre Susanoo et Yamata-no-Orochi
Ce conte nous narre le combat épique entre le dieu des tempêtes, Susanoo, et Yamata-no-Orochi, un gigantesque serpent à huit têtes.

Susanoo contre OrochiSusanoo parvient à vaincre la créature en l'enivrant, avant de la décapiter. Un mythe héroïque qui évoque la lutte entre le bien et le mal.

Ces contes ont donné lieu à un jeu très répandu au Japon, le Hyaku Monogatari
Dans ce jeu, les participants racontent des histoires de fantômes ou d'événements surnaturels. Il se joue la nuit, dans une pièce éclairée par cent bougies. Après chaque récit, une bougie est éteinte, plongeant peu à peu la pièce dans l'obscurité. Une fois la centième histoire racontée, il se dit que les esprits apparaissent, créant une atmosphère de tension et de peur.

bougies du Hyaku Monogatari
Hyaku Monogatari fait également référence à une œuvre de Hokusai. Il s'agit d'une série de cinq estampes gravées sur bois dans le genre Yurei-zu (peintures de fantômes et démons) et représentant des Yokai issus de Kaidan populaires.

"Hyaku Monogatari Obata Koheiji", estampe gravée sur le bois de Katsushika Hokusai
Nous espérons que l'évocation de ce lien entre la culture japonaise et la culture celtique vous aura donné l'envie d'en apprendre davantage sur ce folklore à la fois terrifiant et fascinant. Chaque conte, chaque histoire glaçante et chaque lumière éteinte est la garantie d'un frisson dans le dos !