Qui est Naohiko Noguchi, le Dieu du Saké ?
Il faut l'avouer, nous avons eu du mal à rédiger un récit qui viendrait résumer en quelques phrases la vie ce celui que l'on surnomme, à 92 ans révolus, le "Dieu du saké". Le temps d'une communication, nous allons retracer le parcours de Naohiko Noguchi, un homme simple et souriant, et donner les raisons d'un tel surnom.
A 92 ans Naohiko Noguchi est une légende dans le monde du saké
Naohiko Noguchi est né en 1932 à Ishikawa, région où il débute sa carrière à l'âge de 16 ans avant de devenir Maître Toji seulement quelques années plus tard. En exerçant son talent au sein de plusieurs brasseries de sa région natale, il a largement participé à leur renommée internationale tout en accumulant pas moins de 27 médailles d'or au Concours national des Sakés au Japon, dont 12 consécutives ! Une vie professionnelle palpitante et riche de reconnaissances dont la description serait bien incomplète si on oubliait d'évoquer son influence prépondérante dans le monde du saké et notamment le rôle clé qu'il a joué dans la renaissance de la méthode de brassage dite "Yamahai". Cette technique ancestrale était en déclin dans le Japon d'après-guerre et aurait certainement disparue sans son intervention. Cet élément a fait de lui une véritable icone dont le dévouement et l'expertise dans l'art de produire du saké furent reconnus par des distintions de plus haut rang. Naohiko Noguchi a été décoré du titre de Maître-Artisan Contemporain en 2006 suivi de la Médaille "Ruban Jaune" en 2008, délivrée par l'Empereur en personne.
Dans les couloirs du Noguchi Naohiko Sake Institute, une frise chronologique retrace l'histoire de ce personnage depuis le milieu du XXème siècle.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, laissant présager d'une retraite paisible et bien méritée pour notre protagoniste, mais c'était sans compter cet incroyable projet qui vit le jour en 2017 et qui consistait en la création d'un Institut en son honneur et qui porterait son nom : le Naohiko Noguchi Sake Institute.
Le Noguchi Naohiko Sake Institute situé sur les hauteurs de Komatsu.
C'est dans ce magnifique bâtiment érigé sur les collines de Komatsu, à la lisière des majestueuses forêts de pins du Sanreizan, montagnes sacrées bien connues des japonais, que Naohiko Noguchi reprit du service ! L'institut est à la fois une brasserie, un endroit de transmission des savoirs et un lieu de pèlerinage pour les amateurs de saké. Car il se visite, et c'est certainement la meilleure façon de découvrir plus en détails la vie trépidante de cette légende.
Depuis l'entrée, les murs du couloir qui mène aux salles de production sont couverts d'une fresque retraçant sa vie. On y parcoure un siècle et plus d'histoire du saké puisque son père et son grand-père étaient déjà Toji, voyageant à pied d'Ishikawa à Mie avec hommes et matériels pour y exercer leur art.Takashi Iwai, Directeur de l'Institut et bras droit de Naohiko Noguchi
Nous sommes guidés par Takashi Iwai, Directeur de l'Institut et bras droit de Naohiko Noguchi, Il est l'une des quatre personnes travaillant à la production avec trois autres kurabito en résidence qui ont eu la chance d'être sélectionnés cette année. Tous portent des projets différents, l'un pour rejoindre une unité de production, l'autre pour créer sa propre brasserie, un autre encore pour devenir expert en saké. Tous nous racontent l'immense fierté qu'ils éprouvent de pouvoir apprendre du maître. Apprendre, et il serait plus juste de dire travailler avec Naohiko Noguchi, car au vue de l'énergie qu'il déploie du haut de ses 92 ans, il est incontestable qu'il n'est pas là pour les palabres.Naohiko Noguchi dans la salle de préparation du Koji
Il faut par ailleurs souligner que la transmission du savoir n'est pas une chose naturelle dans le monde des Toji. En partie parce que beaucoup souhaitent garder secrète l'expertise qui les rend uniques mais aussi, et le plus souvent, parce que les Toji n'ont pas vraiment le sens de la pédagogie. C'est en ce sens que l'Institut Naohiko Noguchi fait figure d'exception : le lieu a été pensé dès l'origine comme un endroit de transmission pour ceux qui veulent s'engager dans la voie du saké.
Mai Ichikawa est une jeune Kurabito en formation à l'institut. Le monde du saké s'écrit aussi au féminin.
Le résultat au moment de la dégustation est à la hauteur des plus folles attentes. De l'Institut, sortent de véritables nectars qui portent en eux l'héritage de ce savoir-faire, doublé de l'expertise et du contrôle immédiat de Naohiko Noguchi. Des sakés aux multiples nuances qui, comme une évidence de qualité de complexité, sont accessibles aux novices tout en satisfaisant pleinement les attentes des grands connaisseurs. En mettant l’accent sur le namazake vieilli et les séries limitées, chaque cuvée raconte sa propre histoire, mêlant artisanat, terroir et innovation.
Dégustation de la gamme en présence de son créateur, Naohiko Noguchi.
Dans l'espace de dégustation de l'institut, chaque saké est décrit avec une grande précision.
Pour aller plus loin dans la découverte, et si vous êtes tentés par le pèlerinage, l'Institut est doté d'un magnifique espace de dégustation privé laissant libre vue sur les rizières et la forêt alentours. Un décor splendide, une ambiance et des couleurs qui changent au fil des saisons. Un spectacle tout simplement superbe sous les neiges d'hiver.
Nous avons l'immense plaisir et la grande fierté de vous annoncer que nous importons et distribuons à présent les sakés élaborés par l'Institut Noguchi. Nous vous invitons à les découvrir et à profiter d'une offre exceptionnelle de lancement.
En Focus aujourd'hui :
Kanagaso Vintage 2021 - Nama Genshu Muroka
Kanagaso est un saké non pasteurisé (nama), non réduit (genshu) et non filtré sur lit de charbon (muroka). Autrement dit, la brasserie a choisi de conserver entières les composantes qui amènent arômes et complexité au produit final. De plus un vieillissement de 4 ans a été opéré sur un jus qui n'a pas été pasteurisé ! Nous sommes en présence du témoignage rare d’une maîtrise technique remarquable.
Kanagaso est la cuvée la plus connue de la gamme au Japon.
A la dégustation, on observe une belle robe jaune pâle, le nez est expressif, sur des notes de poudre de riz, des notes de fruits, pêche blanche, melon et poire, mais aussi des touches plus complexes de champignon koji, de châtaigne et de foin. La mise en bouche est souple, son acidité tranchante et sa teneur en alcool assez élevée (20°, c’est un genshu...) arrivent assez rapidement et amènent une belle fraîcheur et une incroyable vibrance qui accompagne la dégustation sur toute sa longueur. Oscillations entre la vivacité du namazake et la complexité liée au vieillissement, l'expression des fruits se double d'une légère amertume qui vient animer une finale puissante et envoutante.
Superbe accord saké Kanagaso et caviar de Neuvic, dans les neiges d'Ishikawa.
Un saké qui donne un bel aperçu du magnifique travail réalisé à l'Institut Naohiko Noguchi et qui s’avère parfait pour accompagner les plats au goûts soutenus. La mer avec le caviar et les poissons bleus, la terre avec les viandes ou les fromages.
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